zéro

attah ! j’te parle pas de ma vie !
ma vie c’est pas zéro.
c’est merdique mais c’est pas non plus l’épithète ‘zéro’ qui me vient pour qualifier ma minuscule existence.
non, en fait zéro, c’est le point où j’en suis aujourd’hui quant à ma maladie.
je reste à paris jusqu’à nouvel ordre :
une nouvelle grosse tumeur est apparue.
on arrête la chimio.
on repense à autre chose.
du coup, outre le mal au bide que ça génère pour mes proches et moi, c’est une sensation de vide. car un traitement, c’est dur, mais on se bat pour un truc. Il y a une promesse. Quelque chose.
là, il ne reste plus rien.
alors quoi faire ?
…
pas évident.
…
se décentrer.
se dire qu’on va pouvoir se remurger la tronche. adieu les mucites de merde. bye bye l’asthénie et les siestes de 14h. salut les coups de nerf de 19h à 20h à cause de la prise d’afinitor…
…
la mort qui repointe son nez l’air de rien au coin de ton esprit.
…
tout cela a-t-il du sens ?
il n’en aura que si j’en fais quelque chose.
il parait que je suis courageux. admettons. Mais ce courage me parait vain si je ne peux  transmettre ce que j’ai de meilleur à mes enfants et vivre pleinement ma vie auprès de moulouda. sans artifice car tout le monde sait que je suis malade et ne m’en tient aucun grief.
pour autant, je peux encore beaucoup.
j’ai gardé le pouvoir de la parole, du raisonnement, et surtout je n’ai rien perdu de mon sens de l’humour.

allez ! c’est un croc en jambe.
encore.
va falloir te relever.
tu l’as déjà fait plein de fois !